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Carnet de poèmes
Correspondance d'un forçat 1902-1904
EditeurLa rumeur libre
CollectionHors collection
Date de parution07/2016
ISBN/code barre978-2-35577-130-9
Format (mm)141 x 192
ReliureCahiers cousus, couverture avec rabats
Nombre de pages48
Poids74 g
IllustrationPhotographies et pages manuscrites du carnet original
DANS LE COFFRET, UN CARNET NOIR (introduction par Simone PONS)
À Yvonne.
Vous souvenez-vous tante Yvonne, de ce mois de septembre, je venais d’épouser Jacques votre neveu et vous nous aviez invités à passer quelques jours chez vous à Paris ? Votre accueil chaleureux m’a tout de suite conquise. Pendant trente-deux années nous nous sommes donné des nouvelles et je vous ai souvent rendu visite. J’étais fascinée par votre beauté, votre personnalité, votre érudition, cette façon si chaleureuse de m’accueillir. Je vous ai aimée, Yvonne, et je crois que ce fut réciproque, car comment expliquer le cadeau fabuleux que je reçus à l’instant de l’au revoir : le coffret de la correspondance de votre père, Arthur Roques.
La lecture de ces lettres m’a bouleversée, j’ai pleuré ses peines, j’ai souhaité avec lui son retour, j’ai hurlé devant son échec de l’évasion. En France,
il aurait écrit Le Livre noir de l’administration pénitentiaire. Ce que vous n’avez pas osé faire, j’avais par votre don le devoir de l’accomplir.
J’ai eu la chance de faire éditer par les éditions Actes Sud la vie hors du commun de votre père sous le titre Parole de forçat. À présent, Arthur est lu et écouté, lui qui a tant crié, hurlé en vain pour faire entendre sa voix.
Dans le coffret, parmi les lettres et les dessins, se trouvait un petit carnet noir : les poèmes du grand-père. Les voici édités. Puisse le lecteur y trouver la compassion que mérite l’homme Arthur Roques.
(Extrait d'un poème)
Quand le cœur est meurtri, que l’âme désespère
L’homme ne peut, hélas ! Dans sa douleur amère
Trouver l’oubli que dans la mort.
Car il n’a plus la Foi qui dompte la souffrance,
Il ne croit plus à rien pas même à l’Espérance
Qui adoucit les coups du sort.
Enfant déshérité des biens de cette terre
J’ai traversé la vie sans que père ni mère
Conduisent mes pas chancelants
Et j’ai dû expier à chaque défaillance
Le crime de l’amour qui me donna naissance
Sans me donner aucun parent.
La misère et la Faim furent mes deux nourrices
Des hommes j’ai subi toutes les injustices,
Et j’ai connu tous les dégoûts.
Sans ressentir au cœur un sentiment de haine
Je me vois, aujourd’hui, succomber à la peine
Et je rougis d’être jaloux.