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Délivrances (Jennifer Barber)

Barber Jennifer

Délivrances

Poésie

EditeurLa rumeur libre

CollectionLa Bibliothèque

Date de parution04/2018

ISBN/code barre978-2-35577-142-2

Format (mm)141 x 192

ReliureCahiers cousus, couverture avec rabats

Nombre de pages80

Poids115 g

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuel Merle

Prix 15,00 €
Feuilleter

Traduit de l’anglais (États-Unis) par Emmanuel Merle

(4ème de couverture)

Le monde naturel, dont nous sommes partie prenante, comme le dit Jennifer Barber elle-même, cette nature que nous sommes, est omniprésente dans sa poésie. Sur la côte Est des États-Unis, en Irlande, en Espagne, elle est d’abord là, elle a partie liée au temps, elle en est le symptôme. Par conséquent cette proximité s’accompagne d’un mystère presque indicible : les métaphores employées, les tentatives légères, les hésitations, les suspens sont autant de tutoiements, de tangentes qui effleurent le gouffre pressenti du monde des choses, l’irréductible en-soi du minéral, du végétal et de l’animal. Or il existe un risque à tenter d’écrire son désir de connivence étroite avec le monde, et à constater son impuissance à le réaliser. Tout devient « vaine forme de la matière », et le sens disparaît. À l’instar d’un peintre qui s’éloigne mais qui est rattrapé par ses amis, Jennifer Barber se retourne vers l’autre, vers l’humain proche, tout aussi incompréhensible parfois, mais seul susceptible de rétablir une parole salvatrice. L’autre, qui est là, sauve le sens, malgré la mort.

(extrait)

I

Personne ne nous pétrira de nouveau de terre et d’argile,
personne ne soufflera la parole sur notre poussière.
Personne.
Loué sois-tu, Personne.
C’est pour te plaire que nous voulons fleurir.
(Paul Celan.)

AILLEURS

Je compte jusqu’à vingt
puis à rebours.
Le premier jour du monde,
la lumière oblique à travers les arbres,
bien que des cités aient été construites
et détruites
et reconstruites,
pollen et lamentation emplissant l’air.
Pas ici. Le silence règne.
Une abeille charpentière
sur le bord de la fenêtre,
tordue comme une charnière brisée —
dort, ou, peut-être, est morte.
De temps à autre une plainte
s’échappe des moutons
dans le champ derrière la colline.
Des impatiens, chéries
du colibri qui a l’air
d’une brindille d’ici,
une brise dans les nervures
des feuilles du peuplier — 
une brise, une brindille, un bec, un œil.
Au-delà du vieux haut-fourneau,
la roue d’août touche terre.

ÉVEILLÉE

en panique
avant que l’obscurité
ne se désépaississe.
Le rideau bouge.
Les oiseaux descendent.
Qu’est-ce,
pourquoi suis-je
en train d’accrocher des lambeaux d’étoffe
aux plus basses
branches d’un rêve,
en train de m’occuper
à quelque chose,
quoi que ce soit.

250 ALLUMETTES

Je ferme la porte,
j’en gratte une sur la bande
qui suscite la flamme,
un capuchon bleu-jaune
monté du soufre
contre l’après-midi
sans lumière. Ma main,
qui tremble. Tout va bien —
une humeur, un état
d’esprit à traverser,
une empreinte digitale
que le désespoir
tente d’imprimer sur moi.
J’en gratte une autre,
ma fidèle, mon amie.

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