Un grand merci pour ce tête à tête qui titube aux confins de nos chances, pour ce qui taille dans la férocité de l'amertume, pour ce qui s'insurge au sein des crassiers majuscules, pour cette démolition de l'impasse, pour cette déchirure des lubies, pour cet imprononçable qui éberlue, pour ces lieux offerts aux braconniers diserts et aux mutiques convoyeurs, pour ces hérissements argotiques qui scrutent un dire pourvoyeur posté là à l'à-pic de l'alliance retournée.
Ta voix insoumise, toujours constelle nos fronts pauvres et abasourdis. Tu prononces haut et fort. Ton dire empoigne notre soif, sauvegarde nos silhouettes migrantes. Tu fores et c'est de l'impérissable qui vient confondre nos saisons de marionnettistes farouches. Tu nommes un peuple réfugié sur l'accotement de sa conscience trouée. Tes mots, tes signes giflent les litanies des nantis.
Tu es homme d'orée qui n'a besoin que de la lettre pour incendier l'insupportable.
Ce « mendiant prométhéen de songes qui invente des mythes pour vivre», dessinateur des failles et des ressources transparentes, pérégrine dans tout ton ouvrage.
Tu guettes et ce sont tes phrases, de face, qui donnent beauté à la pauvreté ( pauvreté : ce qui n'a pas renoncé à l'essentiel, comme tu le dis). J'admire ton écriture réfractaire qui mitraille les contrefaçons et les giboulées d'insignifiance. Veilleur-scribe, tu inscris ce qui a tremblé au bord de la banqueroute.
Je vais relire très souvent les pages du « Mystère de la création en chacun ». Tu y apparais en puisatier lucide à l'œuvre, malaxant silence et couleur, écoutant l'eau ancienne, façonnant la margelle lettrée d'une mémoire inversée. Je suis ton lecteur piégé. J'attends de toi d'autres envoûtements par le livre.