À compter du 29 août 2018 les connexions sont cryptées pour la sécurité de vos paiements.
Voir venir Laisser dire
poésie
EditeurLa rumeur libre
CollectionLa Bibliothèque
Date de parution04/2018
ISBN/code barre978-2-35577-138-5
Format (mm)141 x 192
ReliureCahiers cousus, couverture avec rabats
Nombre de pages144
Poids179 g
Un état singulier de l’inquié-
tude humaine se traduit par
ce mot: voir venir. […] On
voit venir. Quoi ? On ne sait.
Qui ? On regarde.
(Victor Hugo, L’homme qui rit.)
(extraits)
VOIR
I
Derrière les mots fermés,
la brume, les oiseaux noirs.
On voit des couleurs absentes.
On ne voit rien. Ou peut-être
quelque chose. La pluie tombe.
J’ouvre une parenthèse, dit-il,
je ne sais quand je la ferme.
(Images et cris sont restés
suspendus au bord du jour).
Je ne pense pas, je vois
ou plutôt, dit-il, j’écoute.
Ce que je vois, je l’entends.
Le ciel comme un drap, des feuilles:
j’entends ces mots, et je vois.
Et mes yeux n’y sont pour rien.
Ou peut-être, si, quand même,
chaque mot en a besoin
pour se donner une image.
On dit oiseau, on dit chêne
et on voit ce qu’on entend.
II
Mêmes lieux, même lumière.
La voix à côté : on peut
la comprendre. Mais non. Une autre
parle plus près. On l’écoute.
Le silence est plus profond.
La neige comme une métaphore.
Dans les yeux, des mots se pressent.
Les énumérer ne sert à rien.
On dit quand même : bol, gel, pied.
Que voit-on qu’on ne voit pas ?
Que voit-on dans le jour bas ?
L’attente est blanche. On se serre
entre hier et demain. Ici
dans un instant de doigts froids.
Le présent est sans visage.
Le peu qu’on entend des voix
est un chemin vers ce qu’on
ne sait pas. La main se pose
sur la main. Les choses perdent
leur nom. L’heure n’est plus l’heure.